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devenue, dès le dernier siècle, indispensable à toute bonne éducation, et mettait parmi ses premiers plaisirs celui de former son esprit dans la lecture des philosophes.

C’est aux Lettres Persanes de Montesquieu qu’il dut, comme il le dit dans sa correspondance, sa « conversion à la philosophie », et cette âme indépendante qui lui a inspiré de si belles pensées.

Il témoigne encore sa reconnaissance pour les grands écrivains qui achevèrent de l’éclairer : Montaigne, Buffon, d’Alembert, J. J. Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Condillac, tels furent les maîtres qu’il choisit ; et il marcha dignement sur leurs traces.

Le comte Veri, le marquis Longo, le comte Firmiani, et quelques autres philosophes, que l’Italie voyait sans doute avec étonnement se former dans son sein, devinrent les amis de Beccaria. Il s’engagea bientôt dans les liens du mariage, et fut aussi heureux époux qu’il était heureux ami.

Il est doux de voir un jeune sage, un défenseur de l’humanité, parler avec enthousiasme de son bonheur domestique. Mais ce bonheur, si rare chez les grands hommes, ne devait pas durer toujours : Beccaria aussi allait être persécuté.

Il avait conçu à vingt-deux ans le plan de son immortel ouvrage, sur les délits et les peines ; mais il n’osait entreprendre un tel travail, avec la liberté d’esprit dont il se sentait animé, dans un siècle et