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des Délits. Je vous remercie de tout mon cœur du présent que vous m’avez fait de votre traduction, et de votre attention à satisfaire l’empressement que j’avais de la lire. Je l’ai lue avec un plaisir que je ne puis vous exprimer, et j’ai trouvé que vous avez embelli l’original. Je vous proteste avec la plus grande sincérité, que l’ordre que vous y avez suivi me paraît, à moi-même, plus naturel et préférable au mien, et que je suis fâché que la nouvelle édition italienne soit près d’être achevée ; parce que je m’y serais entièrement ou presque entièrement conformé à votre plan.

Mon ouvrage n’a rien perdu de sa force dans votre traduction, excepté dans les endroits où le caractère essentiel à l’une et l’autre langue a emporté quelque différence entre votre expression et la mienne. La langue italienne a plus de souplesse et de docilité, et peut-être aussi qu’étant moins cultivée dans le genre philosophique, par là même, elle peut adopter des traits que la vôtre refuserait d’employer. Je ne trouve point de solidité à l’objection qu’on vous a faite, que le changement de l’ordre pouvait avoir fait perdre de la force. La force consiste dans le choix des expressions et dans le rapprochement des idées ; et la confusion ne peut que nuire à ces deux effets.

La crainte de blesser l’amour-propre de l’auteur n’a pas dû vous arrêter davantage. Premièrement, parce que, comme vous le dites vous-même avec raison dans votre excellente préface, un livre où l’on plaide la cause de l’humanité, une fois devenu public, appartient au monde et à toutes les nations ; et rela-