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C’est le sort de tous les bons ouvrages ; mais la critique est bientôt oubliée, et l’arme de l’envie reste sans force contre le suffrage universel. C’est ce qu’éprouva Beccaria. Un moine publia contre lui un volume d’injures, de folies, de maximes pernicieuses pour les états, et outrageantes pour la Divinité, si les cris d’un insecte misérable pouvaient cependant offenser l’Être-suprême. Ce moine se disait à l’ordinaire le champion de la religion et des rois ; et sous cet abri respectable, il avait la hardiesse d’imprimer « qu’un code de lois, devenu public, et connu de tout le monde, autoriserait à mal faire, et rendrait les délits plus fréquens ; que la crainte était le soutien des monarchies ; que l’homme était méchant par nature, le devenait plus encore quand il était en liberté, et qu’il fallait l’enchaîner. » Il prêchait « que les délations étaient un bon ressort de législation, et qu’un tribunal chargé de les recevoir, et condamnant un innocent sur ces simples délations, était un chef-d’œuvre de politique. » On frémit en lisant, en copiant de pareilles horreurs. Vous les trouverez dans la diatribe de ce moine, qui a pour titre : Notes et observations sur le Traité dus Délits et des Peines. Beccaria voulut prendre la peine d’écraser cette chenille : il y réussit. Cette critique est depuis long-temps oubliée.

Un jurisconsulte français, occupé depuis longtemps d’ouvrages sur les matières criminelles, prit aussi la plume pour réfuter le philosophe italien. Ce combat devait être bien inégal. Le criminaliste ne se présentait qu’avec le cortége plus ennuyeux qu’im-