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d’autres, elle ne mérite que du mépris et de la pitié.

Dans quelques villes de commerce, l’avarice passe pour une louable économie ; c’est la tempérance et la sobriété. Il est de riches capitales où l’on décore du nom de magnificence et de générosité, les folles dépenses et les profusions ruineuses.

C’était une vertu, dans les premiers siècles de l’empire romain, de faire expirer dans les plus cruels supplices, d’innocens chrétiens, quoique bons citoyens et fidèles sujets ; et pendant un temps, les Chrétiens se firent un point de religion d’égorger les Juifs. On trouve une infinité d’exemples de ce genre ; et ces exemples changent de nom et de pays par le laps de temps, et suivent le cours des vicissitudes humaines.

Telles sont les vertus et les vices que l’auteur avait en vue, lorsqu’il a dit que les notions que l’on a communément de la vertu, du vice et de l’honneur, sont obscures et confuses ; ce qui ne donne pas la moindre atteinte à l’essence immuable de la vertu et du vice, et à leur différence caractéristique et invariable.

Ce n’est donc pas moi qui justifie Beccaria des imputations malignes qui le transforment en disciple de l’ancien Anaxarque, et en nouvel Hobbes, ce qui est encore pire. Il se justifie lui-même, et je n’ai d’autre mérite que de vouloir lui être utile, en démontrant que le texte de son livre en est le véritable interprète, et que les passages clairs et précis sont les meilleurs commentaires de ceux qui sont obscurs et équivoques.

FIN DU JUGEMENT SUR LE LIVRE DES DÉLITS ET DES PEINES.