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Lorsqu’il dit que les noms et le caractère des vices et des vertus sont sujets à des révolutions, et varient suivant la différence des temps et des climats, ne serait-ce pas lui faire trop d’injustice que d’en conclure qu’il ne reconnaît pas de vertu et de vice, dont les notions soient invariables pour tous les hommes, en tout temps et en tout lieu ? Il admet de telles vertus, en parle avec autant de respect que d’éloges, comme il déteste tous les vices qui leur sont contraires.

Mais il y a dans le monde des vertus d’opinion, des vices imaginaires, mal définis et encore plus mal entendus, dont on a des idées fausses et confuses ; ce sont ces vertus et ces vices qui éprouvent si souvent des vicissitudes : ils sont aujourd’hui l’idole de la crédulité publique, et demain ils deviendront un objet de ridicule et de mépris, en proportion des lumières qui éclaireront les hommes.

Les dames grecques ne pouvaient, avec décence, recevoir dans leur appartement que leurs plus proches parens, et on ne les blâmait pas de paraître sur les théâtres et d’y déclamer à prix d’argent.

Les mariages entre frère et sœur étaient permis à Athènes, et défendus ailleurs.

La politesse, l’urbanité, dont ont faisait tant de cas à Rome, firent mépriser des Parthes leur concitoyen Venon, qui s’était formé dans cette ville sur les meilleurs modèles de l’élégance et de l’aménité romaine.

Quelques nations regardent la jalousie comme une vertu et s’en font un point d’honneur ; chez beaucoup