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Mais il y a une différence énorme à tous égards entre ces deux écrivains. Le caractère de Hobbes est celui d’un misanthrope outré ; au contraire, notre auteur est un philanthrope aimable, qui ne respire que l’humanité. Un monstre qui se plairait à déchirer inhumainement les membres à peine formés d’un enfant à la mamelle, et se montrerait insensible à ses cris ; un cruel assassin qui n’épargnerait pas les jours d’un généreux libérateur qui les avait exposés lui-même autrefois, pour le sauver des griffes d’une bête féroce prête à le dévorer, n’en sera pas moins un honnête homme, dans l’état de nature de Hobbes, parce qu’il n’avait rien promis ni au malheureux enfant, ni au courageux bienfaiteur.

Dans l’état de nature de Beccaria, la guerre n’est juste qu’autant qu’elle est nécessaire ; et il ne permet de faire d’autre mal, les armes à la main, que celui qui est indispensable.

Vous trouverez dans le Léviathan de Hobbes, le despotisme à son dernier période ; et dans le système de notre auteur, la loi suprême du bien public est l’objet et Le terme de la souveraine puissance.

Selon Beccaria, les peines établies par les convenions sociales et soutenues de l’autorité publique, n’en seront pas moins injustes, illicites et blâmables, si elles n’ont pas de proportion avec les délits.

La vertu et le vice sont pour lui des êtres réels et indépendans des actions et des lois des souverains. Il ne se borne pas à connaître l’essence des vertus et des vices ; il montre autant d’amour et de vénération pour les unes que d’horreur pour les autres.