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des citoyens vertueux et des magistrats incorruptibles, qui portent aux pieds du trône les tributs et l’amour de tous les ordres de la nation, et qui répandent dans les cabanes, la sécurité et l’espérance d’un sort toujours plus doux. Nous ne sommes plus dans les siècles des Caligula, des Néron, des Héliogabale ; et le critique rend bien peu de justice aux princes régnans, s’il croit que mes principes puissent les offenser.

3o « L’auteur du livre des Délits et des Peines soutient que l’intérêt du particulier l’emporte sur celui de toute la société en général, ou de ceux qui la représentent. »

S’il y avait une telle absurdité dans le livre des Délits et des Peines, je ne crois pas que l’adversaire eût fait un livre de 191 pages, pour le réfuter.

4o « L’auteur du livre des Délits et des Peines conteste aux souverains le droit de punir de mort. »

Comme il ne s’agit ici ni de religion ni de gouvernement, mais seulement de la justesse d’un raisonnement, mon accusateur est bien libre d’en croire tout ce qu’il voudra. Je réduis mon syllogisme en cette forme :

On ne doit pas, infliger la peine de mort, si elle n’est vraiment utile ou nécessaire ;

Mais la peine de mort n’est pas nécessaire ni vraiment utile ;

Donc on ne doit pas infliger la peine de mort.

Il n’est pas question ici de disserter sur les droits des souverains. Le critique ne voudra certainement