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d’une nature différente, et rendu les hommes victimes d’une parole, je n’ai parlé que d’après l’histoire.

11o « N’est-ce pas un horrible blasphème, que de soutenir, avec l’auteur du livre des Délits et des Peines, que l’éloquence, la déclamation et les plus sublimes vérités, sont un frein trop faible pour retenir pendant long-temps les passions humaines ? »

Je ne pense pas que l’accusation de blasphème tombe sur ce que j’ai dit de l’éloquence et de la déclamation. L’accusateur a donc voulu la faire porter sur l’insuffisance que j’attribue aux plus sublimes vérités. Je lui demande s’il croit que l’on connaisse en Italie ces sublimes vérités, c’est-à-dire, celles de la foi ? Sans doute il me répondra que oui. Mais ces vérités ont-elles servi de frein aux passions humaines en Italie ? Tous les orateurs sacrés, tous les juges, tous les hommes en un mot, m’assureront le contraire. C’est donc un fait, que les sublimes vérités sont, pour les passions humaines, un frein qui ne les retient point, ou qu’elles brisent bientôt ; et tant qu’il y aura chez un peuple catholique des juges criminels, des prisons et des châtimens, ce sera une preuve de l’insuffisance des plus sublimes vérités.

12o « L’auteur du livre des Délits et des Peines écrit des impostures sacriléges contre l’inquisition. »

Mon livre ne fait aucune mention, ni directe, ni indirecte, de l’inquisition. Mais je demande à mon accusateur s’il lui paraît bien conforme à l’esprit de