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Le Décalogue, dit-il, ordonne de ne point tuer. L’homicide de soi-même ne semble pas moins compris dans ce précepte que le meurtre du prochain. Or, s’il est des cas où il est permis de tuer son prochain, il est aussi des cas où il est permis de se tuer soi-même ; on ne doit attenter sur sa vie qu’après avoir consulté la raison.

L’autorité publique, qui tient la place de Dieu, peut disposer de notre vie. La raison de l’homme peut aussi tenir lieu de la raison de Dieu, c’est un rayon de la lumière éternelle[1].

  1. Voici le texte de l’abbé de Saint-Cyran :

    « Au commandement que Dieu a donné de ne tuer point, n’est pas moins compris le meurtre de soi-même que celui du prochain. C’est pourquoi il a été couché en ces mots généraux sans aucune modification, pour y comprendre toute sorte d’homicide. Or, est-il que, nonobstant cette défense et sans y contrevenir, il arrive des circonstances qui donnent droit et pouvoir à l’homme de tuer son prochain. Il en pourra donc arriver d’autres qui lui donneront pouvoir de se tuer soi-même, sans enfreindre le même commandement. Ce n’est dont pas de nous-mêmes, ni de notre propre autorité que nous agirons contre nous-mêmes ; et puisque cela se doit faire honnêtement et avec une action de vertu, ce