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leurs pénitentes accusaient en confession de les avoir séduites, et d’avoir abusé d’elles. Paul IV, Pie IV, Clément VIII et Grégoire XV, ordonnèrent ces révélations. C’était un piége bien embarrassant pour les confesseurs et pour les pénitentes. C’était faire d’un sacrement un greffe de délations et même de sacriléges. Car, par les anciens canons, et surtout par le concile de Latran, tenu sous Innocent III, tout prêtre qui révèle une confession, de quelque nature que ce puisse être, doit être interdit et condamné à une prison perpétuelle.

Mais il y a bien pis ; voilà quatre papes, aux seizième et dix-septième siècles, qui ordonnent la révélation d’un péché d’impureté, et qui ne permettent pas celle d’un parricide. Une femme avoue, ou suppose dans le sacrement, devant un carme, qu’un cordelier l’a séduite ; le carme doit dénoncer le cordelier. Un assassin fanatique, croyant servir Dieu en tuant son prince, vient consulter un confesseur sur ce cas de conscience ; le confesseur devient sacrilége, s’il sauve la vie à son souverain.

Cette contradiction absurde et horrible est une suite malheureuse de l’opposition conti-