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rait prévenir par de sages conseils et par sa fermeté, mais elle l’expose encore à être puni comme calomniateur, parce qu’il est très-aisé que les conjurés prennent tellement leurs mesures, qu’il ne puisse les convaincre.

Ce fut précisément le cas du respectable François-Auguste De Thou, conseiller d’état, fils du seul bon historien dont la France pouvait se vanter, égal à Guichardin par ses lumières, et supérieur peut-être par son impartialité.

La conspiration était tramée beaucoup plus contre le cardinal de Richelieu que contre Louis XIII. Il ne s’agissait point de livrer la France à des ennemis ; car le frère du roi, principal auteur de ce complot, ne pouvait avoir pour but de livrer un royaume dont il se regardait encore comme l’héritier présomptif, ne voyant entre le trône et lui qu’un frère aîné mourant, et deux enfans au berceau.

De Thou n’était coupable ni devant Dieu ni devant les hommes. Un des agens de Monsieur, frère unique du roi, du duc de Bouillon, prince souverain de Sédan, et du grand écuyer d’Effiat Cinq-Mars, avait communiqué de bouche le plan du complot au conseiller