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tègres magistrats du royaume accusaient un homme d’avoir conspiré avec le Muphti, pour circoncire tout le conseil d’état, le parlement, la chambre des comptes, l’archevêque et la sorbonne, en vain ces deux magistrats jureraient qu’ils ont vu les lettres du Muphti, on croirait plutôt qu’ils sont devenus fous qu’on n’aurait de foi à leur déposition. Il était tout aussi extravagant de supposer que le général des Jésuites levait une armée en Angleterre, qu’il le serait de croire que le Muphti envoie circoncire la cour de France. Cependant on eut le malheur de croire Titus Oates, afin qu’il n’y eût aucune sorte de folie atroce qui ne fût entrée dans la tête des hommes.

Les lois d’Angleterre ne regardent pas comme coupables d’une conspiration, ceux qui en sont instruits et qui ne la révèlent pas. Elles ont supposé que le délateur est aussi infâme que le conspirateur est coupable. En France, ceux qui savent une conspiration et ne la dénoncent pas, sont punis de mort. Louis XI, contre lequel on conspirait souvent, porta cette loi terrible. Un Louis XII, un Henri IV, ne l’eussent jamais imaginée.

Cette loi non-seulement force un homme de bien à être délateur d’un crime qu’il pour-