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des troupes, et qui régna depuis sous le nom de Henri VII ; on trouva deux lignes de sa main, qui étaient d’un ridicule grossier : elles suffirent pour faire périr ce chevalier par un affreux supplice. Les histoires sont pleines de pareils exemples de justice.

Le droit de représailles est encore une de ces lois reçues des nations. Votre ennemi a fait pendre un de vos braves capitaines qui a tenu quelque temps dans un petit château ruiné contre une armée entière : un de ses capitaines tombe entre vos mains ; c’est un homme vertueux, que vous estimez et que vous aimez ; vous le pendez par représailles. C’est la loi, dites-vous ; c’est-à-dire, que si votre ennemi s’est souillé d’un crime énorme, il faut que vous en commettiez un autre !

Toutes ces lois d’une politique sanguinaire n’ont qu’un temps ; et l’on voit bien que ce ne sont pas de véritables lois, puisqu’elles sont passagères. Elles ressemblent à la nécessité où l’on s’est trouvé quelquefois, dans une extrême famine, de manger des hommes. On ne les mange plus dès qu’on a du pain.