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§ XV.

De la différence des Lois politiques et des Lois naturelles.

J’appelle lois naturelles, celles que la nature indique dans tous les temps, à tous les hommes, pour le maintien de cette justice que la nature, quoi qu’on en dise, a gravée dans nos cœurs. Partout le vol, la violence, l’homicide, l’ingratitude envers les parens bienfaiteurs, le parjure commis pour nuire et non pour secourir un innocent, la conspiration contre sa patrie, sont des délits évidens plus ou moins sévèrement réprimés, mais toujours justement.

J’appelle lois politiques, ces lois faites selon le besoin présent, soit pour affermir la puissance, soit pour prévenir des malheurs.

On craint que l’ennemi ne reçoive des nouvelles d’une ville, on ferme les portes ; on défend de s’échapper par les remparts, sous peine de mort.

On redoute une secte nouvelle, qui, se parant en public de son obéissance au souverain, cabale en secret pour se soustraire