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qui donnèrent leurs avis ! Est-ce chez les Topinambous et chez les Hottentots que ces aventures sont arrivées ? La cour vémique était bien plus horrible ; elle déléguait secrètement des commissaires qui allaient, sans être connus, dans toutes les villes d’Allemagne, prenaient des informations sans les dénoncer aux accusés, les jugeaient sans les entendre : et souvent quand ils manquaient de bourreaux, le plus jeune des juges en faisait l’office, et pendait lui-même le condamné[1]. Il fallut, pour se soustraire aux assassinats de cette chambre, obtenir des lettres d’exemption, des sauvegardes des empereurs, encore furent-elles souvent inutiles. Cette cour de meurtriers ne fut pleinement dissoute que par Maximilien Ier ; elle aurait dû l’être dans le sang des juges. Le tribunal des dix, à Venise, était, en comparaison, un institut de miséricorde.

Que penser de ces horreurs et de tant d’autres ? Est-ce assez de gémir sur la nature humaine ? Il y eut des cas où il fallut la venger.

  1. Voy. l’excellent Abrégé chronolog. de l’Histoire d’Allemagne et du Droit public, (par Pfeffel,) sous l’année 803.