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Ne cherchons pas des exemples si loin ; l’Europe en est pleine. Aucun criminel en Angleterre n’est mis à mort, que le roi, n’ait signé la sentence ; il en est ainsi en Allemagne, et dans presque tout le nord. Tel était autrefois l’usage de la France, tel il doit être chez toutes les nations policées. La cabale, le préjugé, l’ignorance, peuvent dicter des sentences loin du trône. Ces petites intrigues, ignorées à la cour, ne peuvent faire impression sur elle ; les grands objets l’environnent. Le conseil suprême est plus accoutumé aux affaires, et plus au-dessus du préjugé ; l’ha-

    de belles vérités dans son ouvrage, paraît s’être cruellement trompé, quand, pour étayer son principe que le sentiment vague de l’honneur est le fondement des monarchies, et que la vertu est le fondement des républiques, il dit des Chinois : « -J’ignore ce que c’est que cet honneur chez des peuples à qui l’on ne fait rien faire qu’à coups de bâton (*). » Certainement de ce qu’on écarte la populace avec le pantsé, et de ce qu’on donne des coups de pantsé aux gueux insolens et fripons, il ne s’ensuit pas que la Chine ne soit gouvernée par des tribunaux qui veillent les uns sur les autres, et que ce ne soit une excellente forme de gouvernement.

    (*) Montesquieu (après le P. Du Halde), de l’Esprit des lois, Liv. viii, chap. 21.