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l’empereur Henri[1]. Il jugea et décida

  1. On lit l’empereur Henri V dans l’édition de Voltaire, publiée par M. Renouard ; dans l’édition de Kehl et dans celle de madame Perronneau, on trouve Henri viii ; l’édition originale du commentaire de Voltaire, et M. Dufay dans sa traduction du livre des Délits et des Peines, mettent Henri vii. Aucune de ces citations n’est exacte : car en consultant l’ouvrage de J. Bodin, on trouve que cette question, qui fut agitée devant un empereur d’Allemagne, le fut par Azon (Azo Portius), jurisconsulte distingué de Bologne, qui florissait vers la fin du douzième siècle ; que Popinion d’Azon fut combattue par Lotaire, autre jurisconsulte, auquel l’empereur accorda le prix. Or, l’empereur Henri V était mort dès l’an 1125, Azon n’était pas encore né, puisqu’il fut condamné à mort l’an 1200, dans un âge peu avancé ; Henri VII ne naquit que l’an 1262. Azon était mort depuis plus d’un demi-siècle. Il est inutile de combattre ceux qui citent Henri VIII : l’Allemagne ne compte que sept empereurs du nom de Henri.

    Nul doute que l’empereur cité par Bodin ne soit Henri VI, fils de Frédéric Barberousse, qui, l’an 1190, après la mort de Guillaume II, roi de Sicile, se mit à la tête d’une puissante armée, passa en Italie, et s’arrêta quelque temps à Bologne, où, à l’exemple de son père, il montra beaucoup de zèle pour l’administration de la justice.

    L’ouvrage de Bodin nous aurait laissé dans la même incertitude où nous étions avant d’y recourir, si nous