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lége, et enfin il devint ce qu’on appelle ministre.

Le combat perpétuel qui s’excitait dans son cœur, entre la secte de Calvin qu’il était obligé de prêcher, et la religion mosaïque à laquelle seule il croyait, le rendit long-temps malade. Il tomba dans une mélancolie et dans une maladie cruelle ; troublé par ses douleurs il s’écria qu’il était juif. Des ministres vinrent le visiter, et tâchèrent de le faire rentrer en lui-même ; il leur répondit qu’il n’adorait que le dieu d’Israël ; qu’il était impossible que Dieu changeât ; que Dieu ne pouvait avoir donné lui-même et gravé de sa main une loi pour l’abolir. Il parla contre le christianisme, ensuite il se dédit. Il écrivit une profession de foi, pour échapper à la condamnation ; mais après l’avoir écrite, la malheureuse persuasion où il était ne lui permit pas de la signer. Le conseil de la ville assembla les prédicans, pour savoir ce qu’il devait faire de cet infortuné. Le petit nombre de ces prêtres opina qu’on devait avoir pitié de lui ; qu’il fallait plutôt tâcher de guérir sa maladie du cerveau, que la punir : le plus grand nombre décida qu’il méritait d’être brûlé, et il le fut.

Cette aventure est de 1632[1]. Il faut cent

  1. Jacob Spon, page 500 ; et Gui Vances.