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rapporté en partie par Jacob Spon : Antoine était né à Brieu en Lorraine, de père et de mère catholiques, et avait étudié à Pont-à-Mousson, chez les Jésuites. Le prédicant Ferri[1] l’engagea dans la religion protestante, à Metz. Étant retourné à Nancy, on lui fit son procès comme à un hérétique ; et si un ami ne l’avait fait sauver, il allait périr par la corde. Réfugié à Sédan, on le soupçonna d’être papiste, et on voulut l’assassiner.

Voyant par quelle étrange fatalité sa vie n’était en sûreté ni chez les protestans, ni chez les catholiques, il alla se faire juif à Venise. Il se persuada très-sincèrement, et il soutint jusqu’au dernier moment de sa vie, que la religion juive était la seule véritable, et que, puisqu’elle l’avait été autrefois, elle devait l’être toujours. Les Juifs ne le circoncirent point, de peur de se faire des affaires avec le magistrat ; mais il n’en fut pas moins juif intérieurement. Il n’en fit point profession ouverte ; et même, étant allé à Genève en qualité de prédicant, il y fut premier régent du col-

  1. Ferri (Paul), ministre protestant à Metz, né en 1591, mourut en 1669, et non en 1699 comme l’a imprimé M. Renouard. — On lit dans quelques éditions de Voltaire, le président Feri ; il faut le prédicant Ferri. (Br.)