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aucune cérémonie religieuse. Les Romains n’en eurent pas moins une excellente police, : et ils n’en furent pas moins les maîtres absolus de la plus belle partie du monde, jusqu’à Théodose II.

La maxime du sénat, comme on l’a dit ailleurs, était, Deorum offensæ Diis curæ : les offenses contre les Dieux ne regardent que les Dieux. Les sénateurs étant à la tête de la religion, par l’institution la plus sage, n’avaient point à craindre qu’un collége de prêtres les forçât à servir sa vengeance, sous prétexte de venger le ciel. Ils ne disaient point : Déchirons les impies, de peur de passer pour impies nous-mêmes ; prouvons aux prêtrs que nous sommes aussi religieux qu’eux, en étant cruels.

Notre religion est plus sainte que celle des anciens Romains. L’impiété parmi nous est un plus grand crime que chez eux. Dieu la punira ; c’est aux hommes à punir ce qu’il y a de criminel dans le désordre public que cette impiété a causé. Or, si dans une impiété il ne s’est pas volé un mouchoir, si personne n’a reçu la moindre injure, si les rites religieux n’ont pas été troublés, punirons-nous {il le faut dire encore) cette impiété comme un parricide ? La maréchale d’Ancre avait fait tuer