l’attestent. Nul peuple ne fut plus religieux ; mais aussi il était trop sage et trop grand pour descendre à punir de vains discours, ou des opinions philosophiques. Il était incapable d’infliger des supplices barbares à ceux qui doutaient des augures, comme Cicéron, augure lui-même, en doutait, ni à ceux qui disaient en plein sénat, comme César, que les dieux ne punissent point les hommes après la mort.
On a cent fois remarqué que le sénat permit que sur le théâtre de Rome, le chœur chantât, dans la Troade :
« Il n’est rien après le trépas, et le trépas n’est rien. Tu demandes en quel lieu sont les morts ? Au même lieu où ils étaient avant de naître[1]. »
S’il y eut jamais des profanations, en voilà sans doute ; et depuis Ennius jusqu’à Ausone, tout est profanation, malgré le respect pour le culte. Pourquoi donc le sénat romain ne les réprimait-il pas ? c’est qu’elles n’influaient en rien sur le gouvernement de l’état ; c’est qu’elles ne troublèrent aucune institution,
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Post mortem nihil est, ipsaque mors nihil.
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Quæris quo jaceas post obitum loco ?
Quò non nata jacent.(Sénéq. Trag. des Troades, chœur à la fin du 2e acte.)