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§ VI.

Indulgence des Romains sur ces objets.

D’un bout de l’Europe à l’autre, le sujet de la conversation des honnêtes gens instruits roule souvent sur cette différence prodigieuse entre les lois romaines et tant d’usages barbares qui leur ont succédé, comme les immondices d’une ville superbe, qui couvrent ses ruines.

Certes, le sénat romain avait un aussi profond respect que nous pour le Dieu suprême, et autant pour les dieux immortels et secondaires, dépendans de leur maître éternel, que nous en montrons pour nos saints.

Ab Jove principium, …

(Virg. Ecl. iii.)

était la formule ordinaire[1]. Pline, dans le panégyrique du bon Trajan, commence par attester que les Romains ne manquèrent jamais d’invoquer Dieu en commençant leurs affaires ou leurs discours. Cicéron, Tite-Live,

  1. Benè ac sapienter patres conscripti majores instituerunt ut rerum agendarum ita dicendi initium à præcationibus capere, etc. (Pline le jeune, Panégyrique de Trajan, chap. ier.)