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plus d’industrie pour fortifier leur parti, que la secte dominante n’en a pour l’exterminer. Il faut ou qu’ils soient écrasés ou qu’ils écrasent. C’est ce qui arriva après la persécution excitée en 303 par le césar Galérius, les deux dernières années de l’empire de Dioclétien. Les Chrétiens, ayant été favorisés par Dioclétien pendant dix-huit années entières, étaient devenus trop nombreux et trop riches pour être exterminés : ils se donnèrent à Constance Chlore ; ils combattirent pour Constantin son fils, et il y eut une révolution entière dans l’empire.

On peut comparer les petites choses aux grandes, quand c’est le même esprit qui les dirige. Une pareille révolution est arrivée en Hollande, en Écosse, en Suisse. Quand Ferdinand et Isabelle chassèrent d’Espagne les Juifs qui y étaient établis, non-seulement avant la maison régnante, mais avant les Maures et les Goths, et même avant les Carthaginois, les Juifs auraient fait une révolution en Espagne, s’ils avaient été aussi guerriers que riches, et s’ils avaient pu s’entendre avec les Arabes.

En un mot, jamais secte n’a changé le gouvernement que quand le désespoir lui a