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virent, elles réclamèrent toutes également le droit de la nature ; elles dirent : laissez-nous adorer Dieu en paix, ne nous ravissez pas la liberté que vous accordez aux Juifs. Toutes les sectes aujourd’hui peuvent tenir le même discours à ceux qui les oppriment. Elles peuvent dire aux peuples qui ont donné des priviléges aux Juifs : Traitez-nous comme vous traitez ces enfans de Jacob ; laissez-nous prier Dieu comme eux, selon notre conscience. Notre opinion ne fait pas plus de tort à votre état, que n’en fait le judaïsme. Vous tolérez les ennemis de Jésus-Christ, tolérez-nous donc ; nous qui adorons Jésus-Christ, et qui ne différons de vous que sur des subtilités de théologie ; ne vous privez pas vous-mêmes de sujets utiles. Il vous importe qu’ils travaillent à vos manufactures, à votre marine, à la culture de vos terres ; et il ne vous importe point qu’ils aient quelques autres articles de foi que vous. C’est de leurs bras que vous avez besoin, et non de leur catéchisme.

La faction est une chose toute différente. Il arrive toujours, et nécessairement, qu’une secte persécutée dégénère en faction. Les opprimés se réunissent et s’encouragent. Ils ont