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enfin le moindre magistrat, est l’image de Dieu dans ce monde-ci.

Ce fut sur ce principe qu’on brûla partout des sorciers qui étaient visiblement sous l’empire du diable, et les hétérodoxes, que l’on croyait encore plus criminels et plus dangereux que les sorciers.

On ne sait pas bien précisément quelle était l’hérésie des chanoines que le roi Robert, fils de Hugues, et Constance sa femme, allèrent faire brûler en leur présence à Orléans, en 1022. Comment le saurait-on ? il n’y avait alors qu’un très-petit nombre de clercs et de moines qui eussent l’usage de l’écriture. Tout ce qui est constaté, c’est que Robert et sa femme rassasièrent leurs yeux de ce spectacle abominable. L’un des sectaires avait été le confesseur de Constance ; cette reine ne crut pas pouvoir mieux réparer le malheur de s’être confessée à un hérétique, qu’en le voyant dévorer par les flammes.

L’habitude devient loi ; et depuis ce temps jusqu’à nos jours, c’est-à-dire, pendant plus de sept cents années, on a brûlé ceux qui ont été, ou qui ont paru être souillés du crime d’une opinion erronée.