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Théodose, et ensuite assassiné aux pieds de son vainqueur, il ne fut point canonisé.

Il faut remarquer que saint Martin, évêque de Tours, véritablement homme de bien, sollicita la grâce de Priscillien ; mais les évêques l’accusèrent lui-même d’être hérétique, et il s’en retourna à Tours, de peur qu’on ne lui fît donner la question à Trèves.

Quant à Priscillien, il eut la consolation, après avoir été pendu, qu’il fut honoré de sa secte comme un martyr. On célébra sa fête, et on le fêterait encore, s’il y avait des priscillianistes.

Cet exemple fit frémir toute l’église ; mais bientôt après, il fut imité et surpassé ; on avait fait périr des priscillianistes par le glaive, par la corde et par la lapidation. Une jeune dame de qualité, soupçonnée d’avoir jeûné le dimanche, n’avait été que lapidée dans Bordeaux[1]. Ces supplices parurent trop légers ; on prouva que Dieu exigeait que les hérétiques fussent brûlés à petit feu. La raison péremptoire qu’on en donnait, c’était que Dieu les punit ainsi dans l’autre monde, et que tout prince, tout lieutenant du prince,

  1. Voyez l’Histoire de l’Église.