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condamner un homme au supplice, uniquement pour des points de controverse. Il est bien vrai que ce furent deux évêques espagnols qui poursuivirent la mort des priscillianistes auprès de Maxime ; mais il n’est pas moins vrai que ce tyran voulait plaire au parti dominant, en versant le sang des hérétiques. La barbarie et la justice lui étaient également indifférentes. Jaloux de Théodose, espagnol comme lui, il se flattait de lui enlever l’empire d’Orient, comme il avait déjà envahi celui d’Occident. Théodose était haï pour ses cruautés ; mais il avait su gagner tous les chefs de la religion. Maxime voulait déployer le même zèle, et attacher les évêques espagnols à sa faction ; il flattait également l’ancienne religion et la nouvelle ; c’était un homme aussi fourbe qu’inhumain, comme tous ceux qui, dans ce temps-là, prétendirent ou parvinrent à l’empire. Cette vaste partie du monde était gouvernée comme l’est Alger aujourd’hui. La milice faisait et défaisait les empereurs ; elle les choisissait très-souvent parmi les nations réputées barbares. Théodose lui opposait alors d’autres barbares de la Scythie. Ce fut lui qui remplit les armées de Goths, et qui éleva Alaric le vainqueur de