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Elle était coupable de s’être laissé faire un enfant ; elle l’était encore davantage d’avoir abandonné son fruit. Cette fille infortunée, fuyant la maison paternelle, est surprise des douleurs de l’enfantement ; elle est délivrée seule et sans secours, auprès d’une fontaine. La honte, qui est dans le sexe une passion violente, lui donna assez de force pour revenir à la maison de son père, et pour cacher son état. Elle laisse son enfant exposé ; on le trouve mort le lendemain ; la mère est découverte, condamnée à la potence, et exécutée.

La première faute de cette fille, ou doit être renfermée dans le secret de sa famille, ou ne mérite que la protection des lois, parce que c’est au séducteur à réparer le mal qu’il a fait ; parce que la faiblesse a droit à l’indulgence ; parce que tout parle en faveur d’une fille dont la grossesse cachée la met souvent en danger de mort ; que cette grossesse connue flétrit sa réputation, et que la difficulté d’élever son enfant est encore un grand malheur de plus.

La seconde faute est plus criminelle ; elle abandonne le fruit de sa faiblesse, et l’expose à périr.