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DES DÉLITS ET DES PEINES

ment par un petit nombre de sages, jusqu’à ces siècles encore éloignés, où les lois n’auront d’autre but que la félicité publique.

Un grand homme qui éclaire ses semblables, et que ses semblables persécutent, a développé les maximes principales d’une éducation vraiment utile[1]. Il a fait voir qu’elle consistait bien moins dans la multitude confuse des objets qu’on présente aux enfans, que dans le choix et dans la précision avec laquelle on les leur expose.

Il a prouvé qu’il faut substituer les originaux aux copies, dans les phénomènes moraux ou physiques que le hasard ou l’adresse du maître offre à l’esprit de l’élève.

Il a appris à conduire les enfans à la vertu, par la route facile du sentiment ; à les éloigner du mal par la force invincible de la nécessité, et des inconvéniens qui suivent la mauvaise action.

Il a démontré que la méthode incertaine de l’autorité impérieuse devrait être abandonnée, puisqu’elle ne produit qu’une obéissance hypocrite et passagère.


  1. J.-J. Rousseau, dans l’Émile.