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DES DÉLITS ET DES PEINES

mesure qu’elles s’étendent, les avantages qu’elles apportent deviennent plus grands.

Un imposteur hardi (qui n’est jamais un homme vulgaire) se fait adorer chez un peuple ignorant, et n’est qu’un objet de mépris pour une nation éclairée.

L’homme instruit sait comparer les objets, les considérer sous divers points de vue, et modifier ses sentimens sur ceux des autres, parce qu’il voit dans ses semblables les mêmes désirs et les mêmes aversions qui agitent son propre cœur.

Si vous prodiguez les lumières au peuple, l’ignorance et la calomnie disparaîtront devant elles, l’autorité injuste tremblera, les lois seules demeureront inébranlables, toutes puissantes ; et l’homme éclairé aimera une constitution dont les avantages sont évidens, les dispositions connues, et qui donne des bases solides à la sûreté publique. Pourrait-il regretter cette inutile petite portion de liberté dont il s’est dépouillé, s’il la compare

    répandues, elles n’en produisent pas plus de maux. C’est leur abus dans tous les cas qui en produit, parce qu’il pervertit leur fin. (Note de Brissot de Warville.)