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DES DÉLITS ET DES PEINES

enfans demeurent sous l’autorité du chef, et sont obligés d’attendre que sa mort leur donne une existence qui ne dépende que des lois. Accoutumés à obéir et à trembler, dans l’âge de l’activité de la force, quand les passions ne sont pas encore retenues par la modération, sorte de crainte prudente qui est le fruit de l’expérience et de l’âge, comment résisteront-ils aux obstacles que le vice oppose sans cesse aux efforts de la vertu, lorsque la vieillesse languissante et peureuse leur ôtera le courage de tenter des réformes hardies, qui d’ailleurs les séduisent peu, parce qu’ils n’ont pas l’espoir d’en recueillir les fruits ?

Dans les républiques, où tout homme est citoyen, la subordination dans les familles n’est pas l’effet de la force, mais d’un contrat ; et les enfans, une fois sortis de l’âge où la faiblesse et le besoin d’éducation les tiennent sous la dépendance naturelle de leurs parens, deviennent dès-lors membres libres de la société : s’ils sont encore soumis au chef de la famille, ce n’est plus que pour participer aux avantages qu’elle leur offre, comme les citoyens sont assujettis sans perdre leur liberté, au chef de la grande société politique.