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DES DÉLITS ET DES PEINES

CHAPITRE XXX.

DU VOL.


Un vol commis sans violence ne devrait être puni que d’une peine pécuniaire. Il est juste que celui qui dérobe le bien d’autrui soit dépouillé du sien.

Mais si le vol est ordinairement le crime de la misère et du désespoir, si ce délit n’est commis que par cette classe d’hommes infortunés, à qui le droit de propriété (droit terrible, et qui n’est peut-être pas nécessaire) n’a laissé pour tout bien que l’existence, les peines pécuniaires ne contribueront qu’à multiplier les vols, en augmentant le nombre des indigens, en ravissant à une famille innocente le pain qu’elles donneront à un riche peut-être criminel.

La peine la plus naturelle du vol sera donc cette sorte d’esclavage, qui est la seule qu’on puisse appeler juste, c’est-à-dire, l’esclavage temporaire, qui rend la société maîtresse