Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
DES DÉLITS ET DES PEINES

espérances, et tout le bonheur ; semblable à ces petites îles charmantes et fertiles que l’on rencontre au milieu des déserts affreux de l’Arabie.

Quand il serait vrai que l’inégalité est inévitable et même utile dans la société, il est certain qu’elle ne devrait exister qu’entre les individus, en raison des dignités et du mérite, mais non entre les ordres de l’état ; que les distinctions ne doivent pas s’arrêter en un seul endroit, mais circuler dans toutes les parties du corps politique ; que les inégalités sociales doivent naître et se détruire à chaque instant, mais non se perpétuer dans les familles.

Quoi qu’il en soit de toutes ces questions, je me bornerai à dire que les peines des personnes du plus haut rang, doivent être les mêmes que celles du dernier des citoyens. L’égalité civile est antérieure à toutes les distinctions d’honneurs et de richesses. Si tous les citoyens ne dépendent pas également des mêmes lois, les distinctions ne sont plus légitimes.

On doit supposer que les hommes, en renonçant à la liberté despotique qu’ils avaient reçue de la nature, pour se réunir en so-