Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
DES DÉLITS ET DES PEINES

confondre des choses que la vérité éternelle a séparées par des bornes immuables[1].


  1. « Les lois de la Chine décident que quiconque manque de respect à l’empereur, doit être puni de mort. Comme elles ne définissent pas ce que c’est que ce manquement de respect, tout peut fournir un prétexte pour ôter la vie à qui l’on veut, et exterminer la famille que l’on veut.

    » Deux personnes chargées de faire la Gazette de la cour, ayant mis dans quelques faits des circonstances qui ne se trouvèrent pas vraies, on dit que mentir dans une gazette de la cour, c’était manquer de respect à la cour, et on les fit mourir. Un prince du sang ayant mis quelque note par mégarde sur un mémorial signé du pinceau rouge par l’empereur, on décida qu’il avait manqué de respect à l’empereur, ce qui causa contre cette famille une des terribles persécutions dont l’histoire ait jamais parlé.

    » C’est assez que le crime de lèse-majesté soit vague, pour que le gouvernement dégénère en despotisme. » (Montesquieu, De l’esprit des lois, Liv. XII, chap. 7.)