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CHAPITRE XXI.

Mais il suffira au sage législateur de marquer des divisions principales dans la distribution des peines proportionnées aux délits, et sur-tout de ne pas appliquer les moindres châtimens aux plus grands crimes[1].

    délits à distinguer, depuis l’irrévérence jusqu’au sacrilége, depuis le murmure jusqu’à la sédition, depuis la menace jusqu’au meurtre, depuis la médisance jusqu’à la diffamation, depuis la filouterie jusqu’à l’invasion ! » (Servan, Discours sur l’administration de la justice criminelle.)

  1. La première chose qui me frappe dans l’examen des lois pénales anglaises, c’est que, parmi les différentes actions que les hommes sont sujets à faire journellement, il y en a cent soixante, qu’un acte du parlement a déclarées crimes capitaux et irrémissibles, c’est-à-dire, qui doivent être punis de mort. Et quand on cherche la nature des crimes dont ce redoutable catalogue est composé, l’on y trouve des fautes qui mériteraient à peine des punitions corporelles, tandis qu’il omet des scélératesses de l’espèce la plus atroce. Le vol le plus léger, commis sans aucune espèce de violence, y est traité quelquefois comme le crime le plus énorme. Détourner une brebis ou un cheval, arracher quelque chose des mains d’un individu et s’enfuir, voler quarante schellings dans une maison où l’on habite, ou cinq dans une boutique ; prendre dans la poche de quelqu’un la valeur de douze pences (vingt-quatre sous), ce sont autant de crimes