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DES DÉLITS ET DES PEINES

CHAPITRE XXII.

DE L’USAGE DE METTRE LA TÊTE À PRIX.


Est-il avantageux à la société de mettre à prix la tête d’un criminel, d’armer chaque citoyen d’un poignard, et d’en faire autant de bourreaux ?

Ou le criminel est sorti du pays, ou il y est encore. Dans le premier cas, on excite les citoyens à commettre un assassinat, à frapper un innocent peut-être, à mériter les supplices. On fait une injure à la nation étrangère, on empiète sur son autorité, on l’autorise à faire de semblables usurpations chez ses voisins.

Si le criminel est encore dans le pays dont il a violé les lois, le gouvernement qui met sa tête à prix, découvre sa faiblesse. Lorsqu’on a la force de se défendre, on n’achète pas les secours d’autrui[1].

  1. « Il n’y a point de force à laquelle un homme