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DES DÉLITS ET DES PEINES

tions particulières qui lient entre eux un certain nombre d’hommes. Un crime ne doit être puni que dans le pays où il a été commis, parce que c’est là seulement, et non ailleurs, que les hommes sont forcés de réparer, par l’exemple de la peine, les funestes effets que peut produire l’exemple du crime.

Un scélérat, dont les crimes précédens n’ont pu violer les lois d’une société dont il n’était pas membre, peut bien être craint et chassé de cette société ; mais les lois ne peuvent lui infliger d’autre peine, puisqu’elles ne sont faites que pour punir le tort qui leur est fait, et non le crime qui ne les offense point.

Est-il donc utile que les nations se rendent réciproquement les criminels ? Assurément, la persuasion de ne trouver aucun lieu sur la terre où le crime puisse demeurer impuni, serait un moyen bien efficace de le prévenir. Mais je n’oserai décider cette question, jusqu’à ce que les lois, devenues plus conformes aux sentimens naturels de l’homme, les peines rendues plus douces, l’arbitraire des juges et de l’opinion comprimés, rassurent l’innocence, et garantissent la vertu