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CHAPITRE XXI.

lois sont sans pouvoir, il se forme de nouvelles puissances ennemies de l’ordre commun, il s’établit un esprit opposé à celui du corps entier de la société.

On voit dans l’histoire de tous les peuples, que les asiles ont été la source de grandes révolutions dans les états et dans les opinions humaines.

Quelques-uns ont prétendu qu’en quelque lieu que fût commis un crime, c’est-à-dire, une action contraire aux lois, elles avaient partout le droit de le punir. La qualité de sujet est-elle donc un caractère indélébile ? Le nom de sujet est-il pire que celui d’esclave ? Et se peut-il qu’un homme habite un pays, et soit soumis aux lois d’un autre pays ? que ses actions soient à la fois subordonnées à deux souverains et à deux législations souvent contradictoires ?

Ainsi, on a osé dire qu’un forfait commis à Constantinople pouvait être puni à Paris, par la raison que celui qui offense une société humaine, mérite d’avoir tous les hommes pour ennemis, et doit être l’objet de l’exécration universelle. Cependant, les juges ne sont pas les vengeurs du genre humain en général ; ils sont les défenseurs des conven-