Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
DES DÉLITS ET DES PEINES

prit de la route où le conduisait la perspective d’un crime avantageux. Il faut que l’idée du supplice soit toujours présente au cœur de l’homme faible, et domine le sentiment qui le pousse au crime.

Chez plusieurs peuples on punit les crimes peu considérables, ou par la prison, ou par l’esclavage dans un pays éloigné, c’est-à-dire, qu’on envoie le coupable porter un exemple inutile à une société qu’il n’a point offensée.

Comme les hommes ne se livrent pas d’abord aux plus grands crimes, la plupart de ceux qui assistent au supplice d’un scélérat coupable de quelque forfait monstrueux, n’éprouvent aucun sentiment de terreur à la vue d’un châtiment qu’ils n’imaginent pas pouvoir mériter jamais. Au contraire, la punition publique des délits légers et plus communs fera sur leur âme une impression salutaire, qui les éloignera des grands crimes, en les détournant d’abord de ceux qui le sont moins.