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DES DÉLITS ET DES PEINES.

de chaque particulier, les plus petites que chacun ait pu céder. Elles représentent la volonté générale, qui est l’assemblage de toutes les volontés particulières. Or, qui jamais a voulu donner aux autres hommes le droit de lui ôter la vie ? Comment, dans les plus petits sacrifices de la liberté de chacun, peut se trouver compris celui de la vie, le plus grand de tous les biens ? Et si cela était, comment concilier ce principe avec cette autre maxime, que l’homme n’a pas le droit de se tuer lui-même, puisqu’il a dû l’avoir, s’il a pu le donner à d’autres ou à la société ? La peine de mort n’est donc autorisée par aucun droit. »

On a vu la note que Diderot a faite sur ce passage.

L’opinion de Rousseau revient à celle de Diderot : « C’est, dit-il (Contrat social, Liv. II, chap. 5), c’est pour n’être pas victime d’un assassin, que l’on consent à mourir si on le devient. Dans ce traité, loin de disposer de sa propre vie, on ne songe qu’à la garantir ; et il n’est pas à présumer qu’aucun des contractans prémédite alors de se faire pendre. »

Il n’y a rien à ajouter à ces réfutations, qui sont victorieuses. Beccaria, comme on voit, est fondé en principes ; mais il suppose à faux, que c’est consentir au sacrifice de sa vie que de souscrire à l’établissement de la peine de mort. On lui nie cette supposition, et son argument tombe.