Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
DES DÉLITS ET DES PEINES.

potisme intermédiaire, d’autant plus cruel qu’il est moins solidement établi, puisqu’ils compriment ces tyrans subalternes, qui interceptent les vœux du peuple, et les empêchent de parvenir jusqu’au trône, où ils seraient écoutés ; quand on considère que, si de tels princes laissent subsister des lois défectueuses, c’est qu’ils sont arrêtés par l’extrême difficulté de détruire des erreurs accréditées par une longue suite de siècles, et protégées par un certain nombre d’hommes intéressés et puissans ; tout citoyen éclairé doit désirer avec ardeur que le pouvoir de ces souverains s’accroisse encore, et devienne assez grand pour leur permettre de réformer une législation funeste[1].

  1. Encore une réflexion sur la peine de mort portée contre un délit qui n’a point été examiné par l’auteur, la désertion. Il en est peu auxquels la peine de mort me paraisse avoir été appliquée plus inconséquemment, puisque le mépris de la mort est précisément ce que l’on veut et ce que l’on doit inspirer aux soldats. On pourrait dire que le genre de mort est différent ; que lorsqu’il est ignominieux il peut effrayer des gens braves qui courraient à une mort glorieuse. Mais ici cette différence est presque nulle, puisque la peine de mort décernée contre un déserteur, au moins dans la plupart des cas, n’a rien d’infamant. Aussi cette