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CHAPITRE XVI.

qui peuvent l’endurcir, mais non le corriger.

La peine de mort est encore funeste à la société, par les exemples de cruauté qu’elle donne aux hommes[1].

Si les passions ou la nécessité de la guerre ont appris à répandre le sang humain, les lois, dont le but est d’adoucir les mœurs, de-

  1. C’est dégrader l’humanité, que de charger un homme de l’emploi de bourreau, et il est inconcevable que l’on puisse trouver des hommes qui consentent à cette dégradation dans leur personne. Je doute qu’aucune éducation humaine pût y plier quelque bête féroce que ce soit. Or, c’est un des inconvéniens de la peine de mort ; à moins qu’on ne condamne les coupables ad bestias, comme chez les Romains ; ce qui me paraît moins contraire à l’humanité, quoique très-inhumain. (Note inédite de l’abbé Morellet.)

    Le mépris légitimement fondé pour les exécuteurs de la justice, mépris dont on ne saurait se garantir, mépris général de toutes les nations et de tous les tems ; — Aversion pour les fonctions de juge criminel, aversion que toute la raison ne saurait vaincre, fonctions nécessaires, et pour lesquelles une âme un peu sensible ne comprend pas que l’on puisse trouver quelqu’un : — Voilà des contradictions inexplicables. — Dans quelques jurisprudences, on accorde la vie au criminel qui exécute ses camarades… C’est un moyen très-sûr de faire mourir les moins coupables, et de sauver le plus scélérat. (Note inédite de Diderot.)