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à Linguet, comme une imbécillité, d’avoir dit que le livre des Délits était « aussi mal écrit que faiblement pensé, » tandis que, pour la précision du style, la force des pensées et la pureté des principes, tous les gens de goût avaient surnommé Beccaria le Fontenelle des criminalistes, le Tacite des jurisconsultes, etc.

Quant à l’anecdote où Linguet prétend que Beccaria pressa les juges de mettre à la question le brigand Sartorello, qui avait dépouillé ses amis sur une grande route, il est reconnu que c’est une calomnie qui n’a pas le moindre fondement, et qui fut imaginée à Paris, pour alimenter l’envie.

De telles critiques ne pouvaient nuire à Beccaria ; il fut commenté par des hommes plus dignes de lui. Outre l’ouvrage de Voltaire, Hautefort publia de sages observations, que l’auteur italien honora de son approbation ; il se rendit aussi aux conseils de l’abbé Morellet, qui changea la marche de l’ouvrage, et lui donna un plan plus méthodique. Beccaria adopta la forme qu’avait prise son traducteur, et c’est cette forme que l’on a suivie depuis.

Dans les cinq premières éditions, le traité des Délits avait quarante-cinq chapitres ; il n’en a maintenant que quarante-deux, parce qu’on en fondit quelques-uns dans les autres.

Le plan donné par Morellet, et suivi par Beccaria, peut se diviser en six parties distinctes : 1o Les cinq premiers chapitres sont consacrés aux recherches