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CHAPITRE XV.

sante que la force même, dans un pays où l’autorité est exercée par le souverain lui-même, où les richesses ne peuvent acheter que des plaisirs et non du pouvoir, il ne peut y avoir aucune nécessité d’ôter la vie à un citoyen, à moins que la mort ne soit le seul frein capable d’empêcher de nouveaux crimes. Car alors, ce second motif autoriserait la peine de mort, et la rendrait nécessaire.

L’expérience de tous les siècles prouve que la peine de mort n’a jamais arrêté les scélérats déterminés à nuire. Cette vérité est appuyée par l’exemple des Romains et par les vingt années du règne de l’impératrice de Russie, la bienfaisante Élisabeth, qui a donné aux chefs des peuples une leçon plus illustre que toutes ces brillantes conquêtes que la patrie n’achète qu’au prix du sang de ses enfans.

Si les hommes, à qui le langage de la raison est toujours suspect, et qui ne se rendent qu’à l’autorité des anciens usages, se refusent à l’évidence de ces vérités, il leur suffira d’interroger la nature et de consulter leur cœur, pour rendre témoignage aux principes que l’on vient d’établir.

La rigueur du châtiment fait moins d’effet