Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

version en grec moderne) ; et l’on s’occupa de toutes parts des réformes dont Beccaria avait fait sentir la nécessité.

Les formes barbares de la justice criminelle se débrouillèrent ; les procédures devinrent plus favorables à l’accusé ; la torture fut abolie ; on repoussa les vieilles atrocités judiciaires, consacrées par une routine cruelle ; et plus tard nous avons vu les supplices remplacés par la plus simple peine de mort, le jury établi, les lois plus humaines et plus justes.

« En défendant les droits de l’humanité et la vérité éternelle, disait Beccaria dans son introduction, si je pouvais arracher à la tyrannie ou à l’ignorance fanatique quelques-unes de leurs victimes, les larmes d’allégresse et les bénédictions d’un seul innocent rendu au repos, me consoleraient des mépris du reste des hommes. » Il eut avant de mourir le bonheur de voir ces vœux accomplis, et son livre devenu la sauve-garde des victimes de la justice humaine.

La grande Catherine fit transcrire le livre des Délits et des Peines, dans son code ; la société de Berne fit frapper une médaille en l’honneur de Beccaria ; tous les princes éclairés lui firent un accueil honorable. Mais d’un autre côté, son livre, que Voltaire appelait le code de l’humanité, souleva les passions de ces hommes qui ne vivent qu’en se faisant les esclaves de la tyrannie et du fanatisme, pour opprimer la multitude.