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sophe. Quelques hommes timides l’effrayèrent sur les suites malheureuses que pouvait avoir pour lui l’honneur d’avoir fait un bon livre ; et Beccaria allait brûler son manuscrit.

Le comte Veri, et quelques-uns de ces sages qui avaient engagé le jeune homme à composer le traité des Délits et des Peines, l’empêchèrent de sacrifier à sa tranquillité personnelle un livre qui devait avoir tant d’influence sur le bonheur du genre humain. Ce livre fut publié à Milan en 1764 ; il attira les regards de toute l’Europe éclairée. Les savans, les jurisconsultes, tous les esprits élevés, toutes les âmes généreuses, l’accueillirent avec enthousiasme : trois éditions s’épuisèrent en quelques mois ; et ce fut la troisième que l’abbé Morellet traduisit en français, à la recommandation du respectable Lamoignon de Malesherbes.

Le succès du petit volume des Délits et des Peines ne fit que croître à mesure qu’il fut connu ; et ce qui est le caractère des ouvrages profonds, il fit naître une foule de livres sur le même objet.

Justement apprécié par d’Alembert, annoté par Diderot, commenté par Voltaire, attaqué par les moines, entouré des ouvrages de Servan, de Rizzi et d’une foule de jurisconsultes qui marchèrent sur les pas du sage Milanais, le livre des Délits et des Peines devait faire sensation chez les esprits judicieux. On le traduisit dans toutes les langues de l’Europe (le savant Coray en a même publié une