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Il fonda un ouvrage périodique, intitulé le Café, dans lequel il entreprit la critique des vices, de l’ignorance et des ridicules qu’on reprochait alors aux Italiens.

Les plus beaux morceaux de ce recueil, qui paraissait en 1764 et en 1765, sont généralement de Beccaria. On a sur-tout admiré ses Recherches sur la nature du style, où il s’efforce d’encourager ses concitoyens à se livrer aux nobles travaux de l’esprit, en démontrant que tout homme a reçu de la nature assez d’intelligence pour comprendre, assez de talens pour écrire, et assez d’idées pour être utile.

Ce petit ouvrage fut réimprimé en 1770 ; et l’abbé Morellet en donna, l’année suivante, une traduction qui fut goûtée en France, et qui méritait de l’être.

Mais avant d’établir le Café, et pendant qu’il en préparait les matériaux, Beccaria avait publié l’ouvrage qui le rend immortel. Le livre des Délits et des Peines fut terminé, que l’auteur n’avait encore que vingt-six ans. Cependant la défiance que les hommes d’un vrai génie ont toujours eue en leurs propres forces, et plus encore peut-être la crainte des persécutions qu’il voyait prêtes à s’élever contre lui, l’empêcha d’abord de publier ce grand ouvrage. Il savait qu’à l’apparition de son livre, des moines fanatiques allaient agiter tous les serpents de la calomnie, et dénoncer l’écrivain qui osait être philo-