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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

quise d’Alluye entre mesdames de Monaco et de Roquelaure ! Ce sont les ambassadrices des plus charmantes femmes de la cour, elles viennent sans doute complimenter notre vainqueur.

Lauzun descendit quelques marches sur l’escalier, madame d’Alluye, pâle et tremblante, essaya de le féliciter lui-même de l’heureuse issue de ce duel. Son mari, par ordre du roi, venait de rejoindre à l’instant même son gouvernement de Touraine. Il l’avait placée sous la tutelle de l’une de ses tantes.

— Vous vous méprenez, ma chère marquise, répondit Lauzun élevant exprès la voix, ce n’est pas moi, c’est M. de Roquelaure qu’il vous faut remercier.

M. de Roquelaure ? demanda madame d’Alluye, en cachant assez mal sa répugnance.

— Mon mari ? reprit la maréchale étonnée. Il ne s’agit pas de M. de Roquelaure, ajouta la maréchale à voix basse, il s’agit de mes lettres, monsieur de Lauzun !

— Vous m’ayez promis de me restituer ma correspondance, dit à l’oreille du comte la princesse de Monaco, songez-y.

— Encore une fois, mesdames, je ne suis pour rien dans tout ceci, adressez-vous à M. de Roquelaure.

— Raillez-vous ?

— Pas le moins du monde. Allons, maréchal, ajouta Lauzun en s’avançant vers Roquelaure, recevez de pied ferme des félicitations qui vous sont dues. Madame la marquise, poursuivit-il en s’adressant à madame d’Alluye, M. le maréchal a pris ma place ; oh ! il l’a voulu, et j’ai dû le laisser faire. Il vous aime tant !

— Comment ! vous, monsieur de Roquelaure ? reprit à voix basse la jolie marquise.

— Qu’y a-t-il donc entre vous et madame ? demanda la maréchale à son mari en survenant d’un air piqué.

— Rien… absolument rien, madame ; une plaisanterie de M. de Lauzun.