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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

nétra dans la chambre à coucher de son maître ; les rideaux du lit étaient encore fermés.

— Qui va là ? demanda Lauzun d’une voix ferme.

— Moi, monsieur le comte ; moi, votre coureur ordinaire moi que vous avez envoyé hier chez Monsieur à Saint-Cloud, et avant-hier chez le prince de Savoie à Fontainebleau moi, votre télégraphe, à qui vous transmettez vos ordres par écrit, car, depuis votre duel, je n’ai pu encore vous approcher.

— C’est vrai, digne ami, eh bien, qu’as-tu su de nouveau ? As-tu remis d’abord son épée à ce gentilhomme ? l’as-tu retrouvé ? voyons, parle. J’ai joué un jeu d’enfer ces deux jours-ci chez le président Robert et madame de Cœuvres… c’est à peine si je puis m’occuper de mes affaires. Cette pauvre marquise d’Alluye m’en veut mal de mort, je le crains bien.

— Monsieur le comte, dit Barailles d’un ton sérieux, permettez-moi d’abord de vous remercier de mon rôle de témoin ; ce n’est pas pour me flatter, j’y ai eu quelque agrément.

— Comment cela ?

— Vous vous souvenez que sans vous inquiéter en rien de moi, vous m’aviez laissé au milieu du bois avec votre épée et celle de votre homme ?…

— C’est vrai, j’avais mes raisons, je te les dirai.

— Mes deux épées sous le bras, j’allais donc battant chaque buisson de la forêt pour découvrir le quidam, lorsque tout d’un coup je me trouve devant deux gardes.

— Deux gardes du bois ? après…

— Deux gardes de la prévôté, rien que cela ! Ces gens m’interrogent, ils me demandent d’où je viens. Mon premier mouvement fut de cacher les deux épées. mon second de me réclamer du prince de Monaco et de M. de Roquelaure.

— Te recommander d’eux, ah ! Barailles, quelle impru-