Page:Beauvoir - Les mystères de l’île Saint-Louis, tome2.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Quel dépôt, messieurs ? demanda Lauzun avec un rire sarcastique, en levant les mantelets de sa voiture.

— Eh parbleu ! ces lettres que vous nous avez confiées.

— Ces lettres, reprit Lauzun, elles sont à leur adresse, voyez plutôt.

Et sur un geste rapide du comte, son cocher toucha, laissant les acteurs de cette scène interroger vainement Barailles à qui Lauzun avait recommandé à tout prix de lui trouver l’homme qui l’avait si inopinément secouru.

— Monsieur Barailles, lui demanda Roquelaure, vous devez avoir les secrets de votre maître. Que contiennent ces papiers ?

— Du diable si je le sais ! répondit Barailles en grommelant.

— C’est peut-être de la poudre… insinua le prince de Monaco effrayé, je me suis toujours défié de ce Lauzun.

— Vous pourriez penser ?

— Tout, monsieur le duc de Roquelaure. Ah ! si je pouvais seulement le prendre un jour au passage dans mes États ! Il se sera entendu avec l’homme à l’épée, c’est sûr. Ne nous disiez-vous pas vous-même tout à l’heure que pour deux louis cette fameuse la Voisin ?…

— Pour cela, c’est vrai, à telles enseignes que je suis allé un jour chez elle, le visage dans mon manteau, acheter pour mon compte une de ces épées merveilleuses…

— Et vous avez blessé votre adversaire ?

— Non… j’ai préféré ne pas m’en servir, je ne me suis point battu. Mais où donc est Barailles ? demanda Roquelaure, où a-t-il couru ?

— Il cherche sans doute le mystérieux témoin de M. de Lauzun, répondit M. d’Alluye. Voyez plutôt… là… de ce côté…

Barailles avait ramassé en effet l’épée de son maître, et l’avait jointe sous son bras à celle de l’inconnu.

Pendant qu’il s’évertuait à battre dans tous les sens chaque allée voisine du terrain, le duc de Roquelaure et le prince de Monaco prirent chacun un sentier opposé, tous